Il existait vers Coursan-en-Othe, en bordure d’une garenne, aux confins du pays d’Othe, une pierre mégalithique dite « Pierre Saint-Martin ». Monsieur Robert Jay de Villeneuve- au-Chemin nous avait confié cette histoire en 1975.
Un loup qui semait la panique en multipliant ses méfaits dans le pays, avait pris l’habitude de venir « péter », c’est-à- dire satisfaire ses besoins sur cette pierre. Le grand Saint-Martin, patron de l’église de Coursan-en-Othe, entreprit de libérer la contrée de cet animal malfaisant. Il se rendit donc auprès de la pierre utilisée par le loup et y déposa un certain ingrédient qui, peut-être, était du poivre. Toujours est-il que, lorsque le loup revint la nuit suivante, il voulut, comme le font tous les chiens et tous les loups, s’assurer que nul autre que lui n’était venu satisfaire ses besoins sur son territoire. Il flaira donc la pierre. Il fut pris alors d’un interminable et inextinguible éternuement qui lui fit se taper si brutalement la truffe contre la pierre qu’il en mourut. En remerciement pour cette action merveilleuse, les villageois baptisèrent la pierre du nom de celui qui les avait sauvés. Vers les années 1950, on montrait encore la Pierre Saint-Martin, qui pourrait avoir été un polissoir, aux enfants et aux naïfs en leur disant » C’est ici qu’est mort le loup qui pétait sur la pierre de bois ! » Pourquoi dire « la pierre de bois « ? Est-ce une réduction de la phrase « la pierre DU bois de la garenne » à moins que ce soit un oubli de la forme « la pierre du bot ». L’ancien mot boter issu du germanique botun vers le Xle siècle avait le sens de frapper et un bot était un coup, ce qui correspondrait bien à l’aventure du loup et se référerait à un terme ancien dont le sens fut oublié. En tout cas, de nos jours, la pierre est disparue, sans doute détruite par ignorance de sa valeur archéologique.
